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Tomier e.n Palaizi (...1199 – 1226...): A tornar m’er enquer...

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A Tornar m’er al primer us [PC 251, 1a]
Auteurs: Tomier e.n Palaizi, troubadors tarasconnais (XIII° siècle)
Edition : Isthvan Frank, 1957
Texte de référence pour le personnage du ‘Poète’ et Crozada d'Uei II (Le Siège de Beaucaire)
Traduction Patrick Hutchinson
Tous droits réservés

Je dois revenir vers mon premier usage,
A cause d’un urgent besoin que je vois surgir ;
Et si mon chant vous paraît impénétrable,
A vous incombe la faute, non à mon plaisir.
Chez les affligés on ne rencontre grand soulas.
Mais je chanterai, oc, puisque tel plaît au comte,
Et ainsi tirerai du fiel de mon réconfort
Que j’enverrai narguer Simon de Montfort.

S’il veut venir prélever sa redevance,
Ne lui conseille guère de rester dormir la nuit
Dedans Beaucaire, d’où en barque il a dû fuir ;
Depuis il n’a joué que de malchance !
Car la ruse a si bien changé de camp,
Que lui et les clercs sont forcés de mentir ;
Pire que le vieux loup, celui qui se retire ;
S’il s’en mord les doigts, à qui reviendra la faute ?

 Qui échoue une fois a de très bonnes chances
D’échouer encore si on lui en laisse le loisir.
Et toi qui te terres comme rat dans une gouttière,
Ne vois-tu pas le danger dont la menace te guette ?
Barons, en avant, faîtes tourner bras et mains,
Forts et secourables, contre le Démesuré !
Nombreux les hommes qui ont dû à leurs efforts
De vaincre, qui sans cela seraient déjà bien morts.

Puisque nous voilà au bout de notre tunnel,
Qui croit valoir, qu’il se mette au premier rang !
Défendons les terrains plats et les marécages,
Ne nous laissons abattre par manque de cran !
Maintenant que les Français reviennent désarmés :
On pourra bien voir ce qu’ils valent vraiment
Alors que Dieu et le Droit ont changé leur sort
Malgré ceux qui ont cru bon d’en venir à l’accord.

La paix veut honorer, nourrir et rehausser
Et chacun dans sa bonne raison maintenir ;
Mais cette paix qu’En Simon nous fait miroiter,
Vole et tue et fait d’haut en bas trébucher.
Ah, méchants Barons, vous ont si bien embarqués
Les clercs et les français avec leur paix factice,
Que s’ils reviennent et vous signez l’accord,
Notre cité se retrouvera jardin potager.

Dîtes-moi maintenant, Catalans dégonflés,
Où est la valeur native qu’aviez jadis ?
Vivrez déshonorés tant que refusez le combat ;
Voyez le bon Roi, qui vous couvrait d’honneurs,
Mal le pleurez et ne le vengeriez en rien
De ses assassins, s’ils dormaient entre vos draps.
Voyant ce qui fut et ce qui est, qui s’en souvient
Ne peut que mieux blâmer votre conduite chaque jour

Aragonais, rengorgez votre colère pitoyable,
Je ne le dirai plus ; mais sachez-le pour de bon :
Tant avez failli envers le roi et en sa mort,
Qu’on peine à vous défendre devant n’importe quelle cour.

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