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Journée de conférences sur la croisade contre le Midi - 10 sept
organisé par l'Institut d'Etudes Occitanes des Bouches du Rhône
dans la salle des Etats de Provence - Entrée libre
Il a sans doute existé une toute autre Provence que celle, confite en nostalgie d’une société rurale d’ancien régime et d’un temps par trop immobile, que nous avons hérité d’un certain romantisme du dix-neuvième siècle. C’est ce que nous apprennent déjà les cris d’amour et de colère de ces grands "inventeurs", novateurs et résistants de l’Occitanie médiévale que furent les "Trobadors", mis à jour sur deux siècles par le travaux patients des philologues.
C’est ce que peut, ce que doit nous apprendre un travail de mémoire conséquent, depuis longtemps entrepris par ces historiens professionnels, mais malheureusement resté méconnu, voire inconnu d’un public plus large : des recherches remarquables sur un événement absolument central, la Croisade dite "des Albigeois", en fait contre l’ensemble du Midi occitan, y compris la Provence. On ignore généralement le plus souvent totalement que cette Croisade a profondément bouleversé aussi bien la Provence que le reste du Midi occitan.
L’Histoire médiévale - et nous avons invité parmi ces meilleurs représentants actuels - tend à nous démontrer à quel point cela est vrai, à l’encontre de ce que l’on entend et croit le plus souvent : que la Croisade des Albigeois serait un "sujet cisrhodanien", et ne concernerait du point de vue de la mémoire et du patrimoine que les toulousains et autres languedociens. Leurs travaux démontrent que non seulement la Provence a été affectée et concernée par cette Croisade contre la dissidence méridionale, mais qu’elle en a peut-être été l’un des principaux enjeux...
Présidente de séance : Claudie Amado
Ingénieur d’Études au CNRS, Docteure d’État,
Membre du Conseil Scientifique du Centre d’Études Cathares de Carcassonne
Matinée > 9h30-12h30
Didier Panfili
Maître de conférences en Histoire médiévale, Université Paris I Panthéon-Sorbonne
L’hérésie et la construction de la monarchie pontificale (XIIe-début XIIIe siècle).
Il s’agit de montrer, après d’autres historiens, que l’hérésie est une invention (Monique Zerner) des réformateurs « grégoriens » qui aboutit à renforcer la société de persécution (Robert I. Moore) instaurée par ses membres dans le but de favoriser et soutenir l’émergence de la théocratie pontificale.
Thierry Pécout
Professeur des Universités, Histoire du Moyen Âge, directeur du Centre européen de recherches sur les congrégations et les ordres religieux (CERCOR) - Université de Saint-Étienne et École française de Rome
La Provence à l’heure de la croisade méridionale (début XIIIe siècle).
Les années 1209-1217 constituent une période de crise pour l’ensemble de la maison de Barcelone. Elles provoquent une série de recompositions politiques considérables pour l’équilibre des États d’Europe méditerranéenne, dont la croisade dite albigeoise est le prolongement. La Provence est concernée au premier chef. Certes, cette région n’a pas été affectée par ce conflit au même titre que le Languedoc et les terres toulousaines. Mais la crise qui en résulte y cristallise des camps, approfondit l’alliance entre le pape et l’épiscopat local, les mouvements urbains et Raymond de Toulouse. La Provence en émerge en tant que principauté autonome, son prince ayant fait des choix diplomatiques et politiques radicalement différents de ceux de la maison de Toulouse, mais appelés à durer jusque sous la première maison d’Anjou-Provence-Sicile.
Franck Fregosi
Professeur de Sciences Politiques - Institut des Etudes Politiques d’Aix-en-Provence - Directeur du Master Religions et Sociétés
De quoi la théocratie est-elle le nom ?
Nous chercherons à démontrer que la théocratie est un terme générique qui dans les faits recouvre une réalité historique et institutionnelle multiforme rendant compte de différentes formes d’interactions entre des formes civiles classiques de gouvernement (Constitutions écrites, élections générales, régime de séparation des pouvoirs…) et des modes disparates de présence du religieux dans le fonctionnement régulier de l’Etat (cléricature, source de légitimation, doctrine officielle, rites politiques…).
Après-midi > 14h30-17h30
Philippe Martel
Professeur émérite, département d’occitan, équipe de recherche LLACS - Université Montpellier 3
La Croisade et ses historiens.
La croisade albigeoise est un événement problématique pour le discours ordinaire sur l’histoire de France. Il implique du point de vue de ce discours un certain nombre de problèmes : c’est une affaire religieuse, qui met en cause l’Église : d’où affrontements entre historiens catholiques et libres-penseurs. Et c’est une affaire politique : c’est la Croisade qui entraîne la main-mise du royaume de France sur le « Midi ». D’où affrontements entre historiens de la Nation française et historiens du Midi ou de l’Occitanie. On essaiera de décoder les discours des uns et des autres.
Alem Surre Garcia
Ecrivain conférencier
De Paratge a Convivéncia
Le concept médiéval occitan de Paratge (noblesse de coeur et d'esprit) peut être considéré comme l'ancêtre du concept contemporain de Convivéncia, né en Espagne au milieu du XX° siècle, et dont la dernière définition a été lancée en 2011 à Toulouse, à savoir : un biais de viure amassa dins lo respièch de l'alteritat (en se e fòra de se) en tèrmes d'egalitat (un art de vivre ensemble dans le respect de l'altérité (en soi et hors de soi) et en termes d'égalité.
Michèle Gally
Professeure de littérature - Aix-Marseille Université - Présidente de l’association Modernités médiévales
« La Chanson de la Croisade albigeoise », de l’événement à la légende.
« La Chanson de la croisade albigeoise », comme un des rares exemples qui nous restent de la manière dont la forme épique se saisit de l’actualité pour en faire un discours apte à circuler dans la communauté, à être répété, transmis, devenant témoignage de l’événement et légende. Mais aussi, la relecture et la réutilisation contemporaine de la “Chanson” dans la littérature contemporaine de grande diffusion comme « Damné » de Hervé Gagnon, autre forme de littérature « populaire » ?
18h > Gòt de l’amistat