En chantant je vais Faire un Esclandre Car le temps vient et va Et les promesses se font attendre, Et une grande détresse, Dieu l'a vite balayée. Soyons assurés, Seigneurs, Et fermes en puissant secours.
Puissant secours aurons, En Dieu mets ma foi, Et ainsi gagnerons Contre ceux de France ; Ost qui ne craint Dieu Subit tôt sa vengeance. Soyons assurés, Seigneurs, Et fermes en puissant secours.
Tartarassa ni voutor [PC 335, 55] Peire Cardenal, trobador auvergnat (…1205-1272…) Editeur : Lavaud, p. 490 (LXXIV) Texte de référence pour ‘LE CRI’ (Reprise de Crozada d’Uei IV en cours). Traduction Patrick Hutchinson
Ni charognards ni vautours Ne flairent si vite la carne pourrie, Que clercs et Frères Prêcheurs Ne dénichent qui a de l’oseille. Désormais ils en seront inséparables, Et quand la maladie l’abattra, Sauront se faire faire de si grands legs Que frères ni parents n’auront rien.
Les français et les clercs se glorifient Du mal, car ils en tirent profit ; Les trafiquants et les traîtres Achètent aisément le siècle, Car en mentant et en bluffant Ils ont si bien désaxé le monde Qu’il n’y a de congrégation Qui n’ait vite appris la leçon.
Fort m'enoia, s'o auzes dire [PC 305, 10] Lo Monge de Montaudon, trobador auvernat (…1193-1210…) Texte de référence pour ‘LE CRI’(Reprise de Crozada d’Uei IV en cours. Traduction Patrick Hutchinson
Vous voulez savoir ce qui m’ennuie ? Une grande gueule pas foutue d’agir, Un barbouze qui ne songe qu’à occire M’emmerdent, et un cheval qui tire ; Et m’afflige, que Dieu me bénisse, Un jeune qui traîne son bouclier Et, sans coup férir, fait le caïd ; Moine à barbe, clerc insipide Et langue de pute me font bien suer.
Tiens pour ennuyeux : telle rombière, Sans le sou vaillant, mais snob à souhait ; Tel qui trop bichonne sa bourgeoise, Soi-disant qu’elle serait de Toulouse ; Et il me les casse, ce chevalier Qui fait le mac loin de son foyer, Alors que chez lui, on le fait chier Et qu’il n’est bon que pour balayer, Allumer le feu et piller le poivre.
Tomier e.n Palaizi (...1199 – 1226...): A tornar m’er enquer...
A Tornar m’er al primer us [PC 251, 1a] Auteurs: Tomier e.n Palaizi, troubadors tarasconnais (XIII° siècle) Edition : Isthvan Frank, 1957 Texte de référence pour le personnage du ‘Poète’ et Crozada d'Uei II (Le Siège de Beaucaire) Traduction Patrick Hutchinson Tous droits réservés
Je dois revenir vers mon premier usage, A cause d’un urgent besoin que je vois surgir ; Et si mon chant vous paraît impénétrable, A vous incombe la faute, non à mon plaisir. Chez les affligés on ne rencontre grand soulas. Mais je chanterai, oc, puisque tel plaît au comte, Et ainsi tirerai du fiel de mon réconfort Que j’enverrai narguer Simon de Montfort.
S’il veut venir prélever sa redevance, Ne lui conseille guère de rester dormir la nuit Dedans Beaucaire, d’où en barque il a dû fuir ; Depuis il n’a joué que de malchance ! Car la ruse a si bien changé de camp, Que lui et les clercs sont forcés de mentir ; Pire que le vieux loup, celui qui se retire ; S’il s’en mord les doigts, à qui reviendra la faute ?
Raimond de Cornet : Serventes contre les clercs...
Quar mot home fon vers Raimon de Cornet, trobador (XIII-XIV° siècles) Texte de référence pour ‘LE CRI’ (Reprise de Crozada d’Uei IV en cours). Traduction Patrick Hutchinson
Tant d’hommes font des vers, Que je veux me faire divers, Montrant plutôt l’envers D’un monde à la renverse, Faisant du droit l’inverse Et de tout ce qui est revers. Tout ce qui existe est pervers, Quand le père vend le fils, Et le fils dévore le père ; Le meilleur blé est du mil, Un chameau est un conil, Le monde, dedans, dehors, Est plus pourri que mort.