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Na Castelloza: Ja de chantar...

170px BnF ms. 854 fol. 125 Na Castelloza 2

Ja de chantar non degr’aver talan [PC 109, 2]
Na Castelloza, trobaïritz auvergnate (XIII° siècle)
Version chantée : Delphine Aguilera
Accompagnement : Trio Joglar (Mandole, Marc Bellity, Bendir, Mathias Autexier)
Discographie : Fin amor, Buda Musique
www.budamusique.com

Traduction: Patrick Hutchinson

Plus jamais de chanter ne devrais-je avoir envie,

Car plus je chante

Plus me va mal l'amour,

Et plaintes et pleurs

Chez moi font long séjour.

Là où la pitié n'est pas

Ai-je placé mon cœur et moi ;

Et si l'on ne m'honore,

J'en serai pour ma joie.

Ah, bel ami, au moins maintenant

Montrez envers moi

Un visage souriant

Car je meurs de chagrin

Et les autres amoureux

Vous traitent de sauvage;

Nulle joie ne me vient de vous

Envers qui je tiens parole

Pourtant d'une foi non volage.

Jamais envers vous n’aurai cœur félon

Ni esprit trompeur

Même si me faites pire;

Mes sentiments exigent

Ce point d'honneur

Quand je me rappelle

Quelle riche valeur vous maintient

Je me rends compte qu'une

De plus haut parage vous convient.

Depuis que vous vis, vous ai en tout obéi ;

Mais pour autant, ami,

ne me traitez mieux ;

nul messager d'amour

Ne m'arrive de vous,

Et jamais ne tournez bride.

Ami, n'en faites rien;

Depuis que joy s’est enfui,

De douleur j'enrage.

Si en rien pouvait me servir, en chantant

Vous rappellerai-je

Ce gant pris en tremblant,

Mais j'ai bien peur que cela

vous porte tort

Auprès de celle qui vous retient,

Ami, ce pourquoi

d'emblée je vous le rend,

Car ne crois qu'il soit de mon ressort.

Des chevaliers j'en connais qui se font tort

A toujours prier

Les dames sans retour,

Car ils sont trop pauvres,

Et sans autre seigneurie;

Mais si à une dame

Il advient d'aimer, elle doit bien

Prier un chevalier, si en lui

Elle voit prouesse et prudhommie.

Dame Na Mieils, toujours j'aime

Ce dont me vient le mal,

Car celui qui maintient valeur

Envers moi a coeur sauvage.

Beau Nom, jamais ne renierai-je

L'amour que j’ai de vous,

Car je vis en bonne foi,

Bonté et droit courage.